Interruption innatendue

Les excuses que le jeune homme avait tenté de faire avait bien fait rire Maria qui s’était retenue, voyant qu’il se sentait déjà assez mal comme ça. Il avait tenté de faire une phrase mais cela n’avait pas très bien fonctionné. Il avait donc faire marche arrière et était sorti, du moins c’était ce qu’elle pensait. En fait il était revenu vers elle pour lui demander si sa pièce avançait bien. Vite comme ça, elle aurait répondu oui juste pour qu’il la laisse tranquille mais il semblait quelqu’un de bien et elle ne voulait pas le rendre encore plus mal. Elle se retourna vers lui avec un peu de gêne pour lui répondre.

« Et bien pour tout dire…pas tellement. Celle avec qui j’étais supposée répéter est malade alors je dois le faire seule. Mais toutes mes répliques sont avec quelqu’un alors c’est un peu difficile mais je crois y arriver, avec un peu plus de temps. » Dit-elle. Elle fut impressionnée par ses paroles, elle avait tant élaboré. Ce n’était pas son genre de parler autant.

« Désolé, je ne sais pas pourquoi je t’ai tout raconté cela…» reprit-elle en laissant passer un léger rire. Maria fixa son regard par terre ne sachant pas vraiment commencer alimenter leur conversation.

« Et toi, ça va? Tu étais venu ici pour pratiquer aussi? » Demanda-t-elle en semblant s’intéresser à lui. Non pas qu’elle s’en foutait mais elle ne le connaissait pas et surtout ce n’était peut-être pas de ses affaires. Mais c’était lui qui était venu lui parler après tout … La jeune femme profita du moment qu’il prit pour penser et parler pour le regarder. Maria était très observatrice et l’apparence dévoilait beaucoup sur la personne selon elle, même si elle était un peu mal placée pour parler. De la façon qu’il était habillé il semblait être un homme calme, réservé et probablement timide. Pas le genre de gars auquel Maria s’intéresserait, selon les apparences. Mais au contraire, c’était le genre de personne qui lui plaisait. Simple, calme, qui ne se prend pas la tête.

La voix et le regard de Matthew la sortit de sa tête. Elle reposa ses yeux noisettes dans les siens.

Étrangement, malgré leur nouvelle rencontre, elle ressentait quelque chose de différent avec Matthew. Elle semblait tellement à l’aise. En même temps, c’était une des premières fois qu’elle rencontrait une personne si simple d’approche et si aimable. C’était peut-être juste une impression, de toute façon elle ne comptait pas se fier seulement à ça, mais c’était un bon départ. Il avait cette qualité à rendre les gens à l’aise avec lui, une grande qualité que très peu possèdent.

Avec une poignée de main, il se présenta à elle, même si Maria connaissait déjà son nom. Embêtée, elle oublia de se présenter mais elle jugea qu’il la connaissait déjà de nom aussi. Il lui fit remarquer qu’elle venait de perdre 10 minutes. Maria regarda l’horloge et se mit à rire, à la surprise de Matthew. Elle replaça une mèche qui était tombée de son chignon et reprit un peu son souffle.

« Et bien tu sais, même si je dois travailler, un peu de compagnie ne me fait pas de mal. Après 1 heure de travail je dois absolument prendre une pause, sinon ça ne sert plus à rien, mon cerveau est mort. » Répondit-elle en riant de plus bel. Elle ne s’était jamais vue ainsi et Matthew non plus, s’il l’avait déjà remarqué. Depuis toujours elle a une attitude un peu désagréable avec les autres mais aujourd’hui c’était tout le contraire. Maria espérait que le jeune homme le prenne bien. Sans savoir pourquoi, une idée lui vint soudainement…

« Tu aurais envie que je t’aide à te faire répéter ton texte? Ça me ferait du bien de me sortir un peu de ma pièce » lança-t-elle spontanément, comme s’il ne pouvait pas lui refuser. Son premier réflexe fut de mettre sa main devant sa bouche comme si elle venait de cracher un juron. Que venait-elle de faire? Lui avait-elle vraiment donné une invitation à rester avec elle?

« Euh…pardonne-moi, je ne sais pas ce qui m’a pris…Nous ne sommes pas dans la même troupe et tu es plus avancé que moi, je ne t’aiderais en rien je crois! » dit-elle en se retournant brusquement devant le miroir sans savoir que faire. Son dernier geste était encore plus stupide. Pourquoi était-il entré dans la salle aussi?

Cette situation était un peu idiote. Mais c’était un cercle vicieux et cela rendait Maria un peu embêtée. Dos à lui, elle l’écoutait parler, s’enfoncer à chaque phrase, mais elle gardait son sourire sachant qu’il n’avait pas de mauvaises intentions. Sa proposition semblait très intéressante. Elle y avait pensé, mais elle n’avait pas osé lui demander de l’aide de peur de l’embêter avec ses petits textes alors que lui jouait de grandes pièces.

Elle se retourna doucement avec un sourire un peu malicieux sur les lèvres et agrippa fortement son texte pour lui prendre des mains. Elle le lut rapidement juste pour voir ce de quoi il s’agissait. Effectivement, c’était un peu dur pour elle, elle en fut surprise et déçue d’elle-même. Décidément, si elle voulait grimper dans l’échelle de cette école et elle devra mettre beaucoup de temps. Maria lui tendit le texte avec une moue triste et désolée.

« Je ne crois pas pouvoir t’aider…Je n’ai pas le talent tu sais. Ce texte est bien trop dur pour moi…Je voudrais bien t’aider mais je ne sais pas comment y parvenir.» lança-t-elle. Dans un sens cela la rendait triste parce qu’elle aimait la compagnie du jeune homme mais dans un autre, elle avait tellement été immature et idiote depuis son arrivée, elle avait hâte d’être seule pour oublier ce moment légèrement humiliant. Montrer sa faiblesse n’avait pas non plus aidé à la cause.

« J’aimerais avoir le talent que vous avez. Je vous ai souvent vu jouer, et vous êtes des exemples pour nous. Nos professeurs parlent souvent de vous. »

« Regardez comme ils sont bons! Comment ils savent démontrer l’émotion sans trop en mettre! Prenez exemple sur eux! »

« Ils ont raison mais parfois ça devient un peu chiant. Travailler si fort pour se faire rabaisser. Des fois je me demande si j’ai vraiment ma place ici. Peut-être que ce n’est pas le bon chemin pour moi après tout…C’est peut-être un signe. Ça me rend triste parce que le théâtre me tient tellement à cœur…Et je te raconte tout ça comme si je racontais une simple affaire. Je suis désolée de parler autant, surtout de moi. Normalement ce n’est pas mon genre…Et en plus j’ai carrément changé de sujet…Ce n’est pas facile me suivre…» dit-elle en laisser passer un rire un peu sarcastique envers elle-même. La nervosité la prenait peu à peu, laissant ses marques sur son texte qu’elle était en train de chiffonner totalement.

Maria n’avait jamais vécu une telle situation pareille. C’était un parfait inconnu à ses yeux mais elle vivant une montagne-russe d’émotions, et ce, en si peu de temps…Qui était donc ce jeune homme? La jeune femme tenait tellement à le connaitre, mais ce serait lui dévoiler sa personnalité, et ça, elle s’était jurée de ne jamais le faire, surtout pas pour un garçon.

Ce qu’elle avait dit avait semblé toucher le jeune homme qui lui avait révélé ce qu’il pensait réellement d’elle. Le seul hic, c’était qu’il était surement à le seul à la voir ainsi sur une scène. Mais toucher une seule personne, c’est l’important. Et le discours de Matthew lui fit vraiment chaud au cœur mais elle le laissa peu paraitre. Maria avait tout de même eu la politesse de se tourner vers le jeune homme. Quand il commença à aller plus loin dans ses émotions, des frissons lui parcouru le dos.

[…] Mais tu es la seule fille de cette école qui m'a vraiment surprit à tous les points... […]

Cette phrase l’avait prise par surprise. Son cœur avait sauté un battement. Comment quelqu’un avait-il pu ressentir une telle chose sans que Maria ne s’en aperçoive? Elle l’avait pourtant déjà vu quelques fois, adresser un sourire mais rien de plus. Comme ses émotions pouvaient-elles aller aussi loin? C’était la seule chose qui la marquait. Bouche-bée, elle s’approcha du jeune homme qui se tenait maintenant très près de la porte. La jeune femme ramassa le sac de Matthew et repartit un peu plus loin dans la salle.

« Tu sais, je crois que c’est la journée du je-dis-ce-que-je-pense-mais-je-ne-sais-pas-pourquoi. » lança-t-elle un peu fort avec un certain rire sarcastique.

« Tu peux approcher, je ne mords pas. » reprit-elle aussitôt avec un faible sourire.

« Ce que tu as dit m’a touché. Je te jure que je vais m’en rappeler. Mais tu sais, tu me surprends. Comment peux-tu être ainsi avec quelqu’un comme moi…en si peu de temps…j’ai misère à comprendre mais je ne demande pas d’explication…certaines choses méritent d’être gardées secrètes je crois…et je te propose de recommencer à zéro pour aujourd’hui…j’accepte de t’aider pour ton texte si t’en as toujours envie. » Dit-elle avec une certaine émotion qui se percevait probablement.

« C’est quoi ta pièce? »

Matthew se tenait alors debout devant Maria, plus mal à l'aise que jamais. Enfin non, il était trop souvent mal à l'aise. Pourtant, habituellement, ce malaise passait vraissemblablement bien lorsqu'il faisait l'idiot en racontant des blagues classiques mais drôles. Par contre cette fois ci, il n'avait pas trop le coeur à rire.

* Tes sentiments prennent le dessus, Matt... Resaisit-toi.*

Il prit une grande inspiration, baissa la tête et du même coup les yeux. Il se releva alors. On vit que l'expression de son visage s'était modifié, qu'il n'avait plus l'air mal à l'aise, qu'il avait l'air d'avoir tout oublié ce qui venait de se passer, comme un trou de mémoire.

« Tu sais, je crois que c’est la journée du je-dis-ce-que-je-pense-mais-je-ne-sais-pas-pourquoi. »

Matthew ne répondit pas, il acquisa seulement de la tête en signe d'aprobation et un léger sourire aux lèvres.

« Tu peux approcher, je ne mords pas. »

Matt ria du commentaire de Maria.

« Ah ouais ? Pourtant j'aurais parié que si. »

Un grand sourire sincère apparu sur son visage. Il s'approcha, trainant son sac derrière lui.

Puis, elle lui parla de ce qu'il avait dit sur elle. Il baissa la tête, la main derrière le cou.

«(...) Mais tu sais, tu me surprends. Comment peux-tu être ainsi avec quelqu’un comme moi…en si peu de temps... (...)»

Matthew ria à la remarque anodine de la jeune femme.

« Sincèrement Maria, j'en ai aucune idée. Je crois seulement que tu es une fille intéressante et qui mérite d'être connu. Et pourquoi tu te qualifies d'une telle façon? Je crois que tu te sous-estime grandement. De toute façon, j'ai commencé à te parler, et je ne crois que cela changera. Peut être que je fais une erreur de vouloir apprendre à te connaitre, mais je m'en fiche, car moi je ne le pense pas.»

Petit silence.

« C’est quoi ta pièce? »

[HS : On va faire comme si la troupe A avait déjà eu la distribution des rôles. L'admin vient de décider la pièce mais disont que le topic est après la distribution des rôles, si ça ne te gêne pas ]

« C'est Hamlet. J'étais confiant d'avoir le premier rôle, celui d'Hamlet, mais bon il faut croire que je n'étais pas à la hauteur, j'ai eu le rôle de Laërtes. Je venais pratiquer la scène entre Laërtes et Ophélia. »

[Voilà la scène : http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre2066-page26.html#page ]

Matthew se prépara, se racla la gorge et se mit dans son personnage .

« Mes bagages sont embarqués, adieu ! Ah ! soeur, quand les vents seront bons et qu'un convoi sera prêt à partir, ne vous endormez pas, mais donnez-moi de vos nouvelles. (...)»

[Là on est pas obligé de tout réciter le texte, on peut juste dire qu'on pratique la pièce.]

« Tu peux approcher, je ne mords pas. »

« Ah ouais ? Pourtant j'aurais parié que si. »

Maria ne savait pas trop si elle devait le prendre en riant mais en voyant le visage de Matthew s’illuminer, elle rit à son tour. Il était clair que parfois Maria devait faire mauvaise impression auprès des autres avec son retirement. Elle était si réservée, mais pas dans un bon sens. Elle était trop retirée des autres. Enfin. Quand il lui parlait du fait qu’elle se sous-estimait, elle n’arrivait pas à ne pas acquiescer. C’était vrai qu’elle ne se faisait pas toujours confiance mais c’est pourquoi elle faisait du théâtre, pour travailler ce mauvais côté d’elle. Mais en même temps, elle pouvait être une personne si froide, et tellement sans-cœur. Il fallait un peu de confiance tout de même. Maria avait changé rapidement de conversation en lui demandant quelle pièce il devait jouer.

Il jouait Hamlet et la scène qu’il pratiquait était celle avec Elena White. Comment arriverait-elle à la remplacer le temps d’une répétition? Jamais. Elle ne serait jamais capable. Mais elle avait promis au jeune homme, elle devait le faire. Les deux personnes commencèrent par entrer dans la peau de leur personnage. Matthew commença la réplique et Maria suivit de plus belle. Elle donnait tout ce qu’elle pouvait pour aider le jeune homme. Étrangement elle s’impressionnait elle-même. Il était clair qu’elle n’arrivait pas aux chevilles d’Elena mais elle respectait bien le rôle d’Ophélia, à sa manière. Une fois la scène terminée, un silence envahit la pièce. Elle ne savait que dire ou que faire. La jeune femme venait de vivre un moment un peu surprenant. Il ne lui était jamais arrivé de jouer avec quelqu’un qui avait autant de talent depuis son arrivée ici.

« Et bien, c’est tout un privilège que tu m’offres tu sais. Je voudrais pouvoir jouer avec des gens de la troupe A des fois. C’est tellement du théâtre différent, beaucoup plus supérieur. Je sais que pour toi ce n’est pas un privilège d’être avec moi…» dit-elle en riant. Dans un sens elle le pensait mais dans un autre sens, elle savait qu’elle n’était pas aussi nulle qu’elle prétendait l’être. Elle recommença à chiffoner le papier entre ses mains mais cette fois-ci, ce n’était pas le siens, mais elle ne remarquait rien.

« Tu veux continuer à une autre scène ou tu préfères arrêter?...» demanda-t-elle timidement.

Maria appréciait les commentaires que Matthew lui faisait. Elle était le genre de fille qui prenait tout en note ce qu’on pouvait lui dire pour devenir meilleure. C’était son unique but et le seul moyen d’y arriver c’était d’accepter toutes les critiques et d’appliquer les conseils donnés. Le seul chemin vers la troupe A. La troupe A…Elle se prit à s’imaginer sur la plus grande scène du théâtre devant des centaines de personnes à jouer du théâtre parmi les meilleurs. Un rêve qui se réaliserait…Et si elle pouvait jouer avec le jeune homme qui se tenait devant elle en plus…Elle serait parfaitement comblée.

« Non je te fais confiance…Merci…» répondit-elle avec un simple sourire avant de demander s’il désirait continuer. Il regarda sa montre brièvement et lui proposa d’aller diner avec lui. Le ventre de Maria criait famine lui aussi. Elle fut toute de même surprise de sa réponse et Matthew dû probablement le voir parce qu’il revint à la charge en lui disant que ce n’était pas nécessaire. Elle ne put s’empêcher de s’approcher doucement vers lui. Elle posa ses mains sur les avant-bras allongés du jeune homme.

« Non je t’assure, j’accepte avec plaisir. J’étais simplement surprise…Je suis toujours à manger seule alors…Non j’accepte avec plaisir, vraiment. » reprit-elle avec son plus beau sourire. Elle observa alors ses mains et les retira timidement voyant bien qu’elle avait peut-être été un peu trop loin. Elle n’avait pas réussi à se retenir quand elle avait vu le visage de Matthew. Maria prit son sac et ses affaires.

« Alors on y va? Dernier arrivé est une poule mouillée…» dit-elle en riant sans participer elle-même à son jeu. Non, elle était simplement heureuse depuis un certain moment et cela devait paraitre. Surement un peu trop.

Matthew appréhendait tellement le "non" de Maria. Il savait bien qu'elle n'était que gentille avec lui parce qu'il avait l'air de faire pitié avec ses gestes maladroits et qu'il avait l'air d'un imbécile. Non seulement il le croyait, mais il en était persuadé. Comment une fille comme elle pouvait accepter de sortir avec un garçon comme lui. Oui, il était dans la troupe A et elle dans la troupe B, mais il se sentait si inférieur à elle qu'il se disait qu'il ne l'a mériterait pas. Il soupira tristement jusqu'à ce que Maria ouvre la bouche.

« Non je t’assure,
j’accepte avec plaisir. J’étais simplement surprise…Je suis toujours à
manger seule alors…Non j’accepte avec plaisir, vraiment. »

Matthew leva les yeux, bouche-bée. Ceux ci étaient tellement grand qu'il avait l'air vraiment idiot, presque la bouche grande ouverte.

" Tu - tu acceptes ??? Sérieusement ???... Euh WOW .... euh je veux dire..."

Il baissa la tête, affreusement gêné. Puis, comme à l'habitude, il se prit la nuque à deux mains, presuqe incapable de sortir un mot intelligent.

" Je... désolé, je ne sais pas c'qui m'a prit... je suis aussi surprit que toi que tu ailles accepté !"

« Alors on y va? Dernier arrivé est une poule mouillée…"

Matthew prit ses affaires aussi et regarda Maria quitter la pièce.

*Est-ce que je rêve ? Oui je dois rêvé, c'est... Impossible ?*

Il se pinca en grimacant.

* Bon d'accord, c'est pas un rêve...*

Et il se mit en marche avec Maria vers un resto.

( on continue dans un resto ou ... ? )

[ D'accord je continue au resto...désolé de mon retard... ]